carte afrique tracée

carte-geographique-senegal tracée

ITINÉRAIRE :

Dakar, la capitale .           IMG_6967

Ile de Gorée

Ile de N’Gor

Toubab Dialaw

M’Bour

Saly

Joal

Fadiout

Djifer

Palmarin

Ndangane

Mar Lodj

Saint-Louis (via Thiès)

Langue de Barbarie

 

MERCREDI, 27 DÉCEMBRE 2017

MONTRÉAL – CASABLANCA

La journée du grand départ est arrivée ! Dans quelques heures, nous nous envolerons vers l’Afrique pour y passer deux semaines de dépaysement total, notre façon à nous, éternels et joyeux globe-trotteurs, de fêter le retour à la santé de Claude.

L’été passé, à une semaine de notre départ pour cinq semaines au Sri Lanka et aux Maldives, Claude a dû se rendre à l’urgence et le diagnostic est tombé, implacable : cancer du côlon. Notre voyage a été annulé, laissant place à toute une gamme d’émotions pendant deux mois. La consternation et l’inquiétude d’avant l’opération se sont tranquillement transformés en espoir, soulagement, sérénité et retour à la joie de vivre après l’opération. Aussitôt que la convalescence de Claude s’est terminée et qu’il a eu la confirmation de sa chirurgienne que son cancer était chose du passé, notre passion des voyages a refait surface et nous avons commencé à élaborer des plans pour nos prochaines vacances scolaires. Nous nous sentions revivre et nous avons vraiment réalisé que voyager est un privilège pour les gens en santé.

Nous sommes partis de Sept-Iles le vendredi 22 décembre en après-midi avec notre fils Samuel. Celui-ci nous avait fait la surprise de venir passer une semaine sur la Côte-Nord avec nous. Notre fils Vincent nous a rejoints à Québec où nous avons célébré Noël dans nos deux familles du 23 au 26 décembre. Comme nous avons eu du bon temps! Merci à tous ceux qui nous ont si chaleureusement accueillis. Un merci spécial à Jean-François Taschereau et ma sœur Sylvie pour leur grande hospitalité.

Notre fille Valérie n’était malheureusement pas avec nous, retenue par son travail comme guide de ski alpin en Colombie-Britannique. Nous avons beaucoup pensé à elle car elle nous a appris une grande nouvelle très récemment : elle est enceinte! Claude et moi sommes très fiers et excités à l’idée d’être grands-parents. Quel beau cadeau de la vie!

Le mardi 26 décembre, Samuel est venu nous reconduire, Claude et moi, à la gare d’autobus de Ste-Foy. Nous sommes arrivés au condominium de Samuel à Montréal en fin d’après-midi. Sous un froid glacial, nous avons fait quelques commissions à pied sur la rue St-Denis et sur l’Avenue Mont-Royal et avons soupé au restaurant Amir avant de rentrer passer une soirée au chaud, en amoureux, devant un bon petit film.

Aujourd’hui, le 27 décembre, nous sommes retournés faire quelques achats de dernières minutes dans le quartier de Samuel et avons relaxé au condominium avant de prendre un taxi jusqu’à l’aéroport (40 $). Nous avons quitté le sol québécois à 22 h 30 dans un luxueux Boeing 787 de Royal Air Maroc. La traversée de l’océan Atlantique a duré six heures. Nous sommes arrivés à Casablanca à 10 h 30 am et quatre heures de décalage horaire.

 

JEUDI, 28 DÉCEMBRE

CASABLANCA (MAROC) – DAKAR (SÉNÉGAL)

Pop de Dakar, la capitale : 3.2 millions

À 12 h 30 pm, nous sommes partis à bord d’un Boeing 737 de Royal Air Maroc en direction du Sénégal. Le vol a duré trois heures. Les paysages de terres cultivées et des montagnes marocaines aux pics enneigés du Moyen Atlas ont rapidement fait place aux dunes de sable doré de l’immense désert de Mauritanie et finalement à l’océan et aux magnifiques plages du Sénégal. L’avion a atterri à l’aéroport Blaise Diagne à 15 h 30 sous un ciel légèrement brumeux et une température de 30 degrés Celsius. Quel bonheur de quitter le froid du Canada pour une couple de semaines!

IMG_6623

Nous avons changé notre argent en CFA (Francs de l’Afrique de l’ouest) à l’aéroport et sommes partis avec l’autobus Express pour le centre-ville de Dakar (51 km, 6 000 CFA ou 12 $ CAD chacun). Finalement, un taxi nous a conduit jusqu’à l’Hôtel Résidence Mame Ndiare, en bord de mer, dans le quartier Yoff (50 $ CAD par nuit, petit déjeuner inclus, ce qui est dans les petits prix pour un hébergement à Dakar.) Heureux d’être enfin arrivés à destination, nous nous sommes installés dans notre grande suite. Le salon et la chambre sont immenses mais l’usure des divans de cuir et les anomalies de l’équipement (serrure défectueuse, douche sans eau chaude, trou dans le mur avec fils électriques pendants, etc.) nous rappellent que nous sommes dans un pays pauvre et que les moyens ne sont pas toujours là pour assurer un entretien minimal. Peu importe, nous nous en sommes accommodés, exténués de nos longues heures de transport et pressés de profiter d’une bonne nuit de sommeil.

 

VENDREDI, 29 DÉCEMBRE

DAKAR – ILE DE GORÉE (pop : 1 700)

IMG_6879Nous nous sommes réveillés à l’heure du petit déjeuner après avoir fait le tour de l’horloge. Nous avons bien dormi malgré la musique venant d’un bar, les lamentations incessantes d’une chatte en chaleur et des bouffées de chaleur suivies de frissons dans mon cas; nous étions si crevés! Une omelette croûtée, un petit pain baguette et un café instant nous ont été servis dans la salle à manger déserte. Ousmane, le charmant employé à notre service, était allé chercher le tout au petit comptoir-dépanneur sur la rue car il n’y a aucun inventaire de nourriture à l’hôtel; un autre rappel que nous sommes en Afrique!

IMG_6635Nous sommes partis en taxi jusqu’à la Place de l’Indépendance, au cœur du centre-ville de Dakar. Nous avons passé l’avant-midi à découvrir les environs à pied : le Palais présidentiel (aucune photo n’est permise et aucun arrêt sur le trottoir n’est autorisé; on doit circuler!), l’hôtel de ville, les édifices historiques entourant le parc et le marché Sandaga, le plus grand de la capitale. Ce marché est étalé sur quelques rues et les kiosques colorés regorgent de marchandises de toutes sortes. Les marchands sénégalais sont tenaces quand on a le malheur de se montrer le moindrement intéressés par un article quelconque. Le seul achat que j’ai fait à ce marché est une banderole aux couleurs du drapeau sénégalais.

IMG_6643

Les gens dans la rue aiment bien engager la conversation avec nous mais malheureusement, ils le font la plupart du temps de façon intéressée, ce qui devient harassant à la longue. La meilleure stratégie est de les ignorer le plus possible lorsqu’on veut qu’ils nous laissent tranquilles.

Pour dîner, nous avons commandé deux excellentes petites quiches, une mini pizza et un café expresso à la boulangerie-pâtisserie française Gourmandine (9 $ pour deux). Nous avons ensuite marché jusqu’au port afin d’y prendre le ferry pour traverser à l’île de Gorée (5 200 CFA ou 10 $ CAD chacun pour l’aller-retour). Le ferry était plein à craquer mais nous étions confortablement assis sur le pont au grand vent, profitant  pleinement de la traversée sur cette mer d’un bleu magnifique.

Nous avons adoré notre visite de l’île de Gorée. Il faisait un temps superbe : environ 30 degrés Celsius. Nous avons marché jusqu’au musée maritime puis, jusqu’au parc commémoratif où nous nous sommes assis au soleil pour déguster de savoureuses clémentines. Nous nous sommes ensuite dirigés vers la petite plage parsemée de pirogues joliment colorées. Claude est allé se tremper les pieds à la mer et s’est allongé sur la plage pendant que je suis allée explorer la pointe de l’île où se trouve la Place de l’Europe avec son musée historique IFAN. J’ai rejoint Claude et nous sommes allés visiter la Maison des Esclaves (500 CFA ou 1 $ CAD chacun). Les pièces du haut, aérées, étaient réservées aux maîtres des esclaves et celles du bas, ressemblant à des cellules de prisons, renfermaient les esclaves séparés ainsi : hommes, femmes, enfants et esclaves temporairement inaptes. C’est de cette maison que les esclaves étaient embarqués de force sur les navires partant pour l’Amérique centrale et du sud.

Passant par l’église Saint-Charles Borromée et un marché d’artisanat, nous avons emprunté un chemin de pierres menant au « castel » situé tout en haut de la colline. Nous avons croisé plusieurs artistes peintres et pu admirer leurs toiles hautement colorées tout au long de notre ascension. Un haut monument représentant deux pirogues domine le sommet de la colline et la vue panoramique des alentours de l’île vaut le coup d’œil.

IMG_6724

De retour au quai, face aux kiosques d’artisanat et au son d’une musique entraînante, nous avons commandé une assiette de bananes plantains frites – met dont je raffole- et un café dans un petit restaurant en plein air. Nous avons ensuite fait la queue pendant plus d’une heure sur le quai afin de pouvoir embarquer sur le prochain ferry. Nous avons jasé avec des Français de France, ce qui a rendu l’attente un peu moins pénible. De retour à Dakar, Claude et moi avons marché jusqu’au restaurant La Fourchette, suggéré par le guide Lonely Planet Sénégal. Malheureusement, le restaurant n’ouvrait qu’à 19 h 30. Affamés, nous avons traversé la rue et soupé au chic hôtel Novotel à 280 $ la nuitée. Au menu : wok de légumes croquants pour moi et carry de légumes au gingembre pour Claude. Quel délice végétarien! (4 000 CFA ou 8 $ CAD chacun)

Nous sommes rentrés à notre hôtel en taxi. Le trafic était dense et la pollution intense! Mon foulard nous a servi de masque afin de respirer un peu moins cet air vicié d’une teinte bleuâtre. Comme c’est désolant de voir tout le tort que l’on inflige à notre pauvre planète!

 

SAMEDI, 30 DÉCEMBRE

DAKAR – ILE DE N’GOR

Après notre frugal petit déjeuner continental, nous avons quitté l’hôtel en taxi pour aller à N’Gor (1500 CFA; 3 $ CAD), petite ville de 5 000 habitants. La plage de N’Gor est assez animée et colorée avec toutes ses pirogues, ses vendeurs ambulants et tous les gens venus profiter pour la journée de ce petit coin de paradis. Nous avons rejoint l’île de N’Gor en pirogue pour seulement 1000 CFA ou 2 $ CAD aller-retour chacun. Comme on était bien sur l’eau! J’y aurai navigué toute la journée!

IMG_6755

Nous avons fait le tour de l’île à pied, empruntant le dédale de petites ruelles fleuries et décorées de peintures originales aux couleurs vives. La petite île regorge de restaurants et d’auberges en bord de mer. Les deux plages sont prêtes à accueillir les touristes avec d’invitants parasols et des petits kiosques d’artisanat et de nourriture. Par contre, nous ne nous sommes pas baignés car les fonds rocheux ne sont pas très propices à la baignade. Du haut de la falaise, on pouvait apercevoir quelques surfeurs au loin.

IMG_6804Nous avons pris le temps de jaser avec quelques artistes, tous très accueillants et polis. Un joueur de djembé nous a fait une petite démonstration, à mon plus grand plaisir. Nous avons fait un arrêt à la Maison d’Italie pour nous désaltérer et profiter de leur terrasse avec vue sur la mer avant de revenir à la plage de N’Gor en pirogue. Nous avons dîné au restaurant La Cabane du Pêcheur, réputée pour ses excellents mets de la mer. Nous avons partagé une assiette de trois variétés de poissons servie avec riz et légumes. Quel délice! Nous sommes retournés profiter de la plage et du soleil de l’après-midi. Trois musiciens sont venus nous chanter une chanson en wolof, s’accompagnant de leurs instruments de musique traditionnels; leur prestation nous a enchantés!

IMG_6855

Nous avons marché jusqu’à la rue principale et avons mangé notre dessert dans une pâtisserie française. Nous sommes ensuite revenus à l’hôtel en catastrophe car Claude a eu un petit accident dans son pantalon. J’étais prise d’un fou rire alors que lui ne trouvait pas ça drôle du tout! Tous deux pris avec de petits problèmes d’intestin (la tourista), l’hôtel restait la meilleure solution pour finir la journée. Nous avons profité de l’immense terrasse déserte de notre hôtel, étant les seuls touristes étrangers à séjourner dans cet établissement. Les employés sont aux petits soins avec nous malgré leurs moyens limités pour satisfaire à nos demandes. Ils adorent écouter les histoires de Claude et en redemandent!

Nous avons pris une marche sur la rue de notre hôtel : la rue Océan. Nous avons rencontré deux pêcheurs qui nous ont montré leurs prises de poissons et huîtres au bord de l’eau. À l’épicerie du bout de la rue, nous avons acheté notre souper : petits pains, boîte de thon et tomate. Nous avons mangé nos sandwichs à notre chambre et réservé nos deux prochains hôtels sur le site Booking.com avant de descendre à la réception dans l’attente du spectacle de musique de la soirée. Les Sénégalais sont en général assez désorganisés. Ils ont mis un temps fou à monter la salle et l’équipement du petit orchestre. J’ai dû m’armer de patience afin d’assister au spectacle annoncé pour 20 h mais qui a finalement débuté à 23 h. J’y suis restée environ une demi-heure. La musique était bonne mais pas enlevante. Ça ressemblait à du reggae. J’ai filmé deux-trois chansons et pris quelques photos des musiciens avant de monter à ma chambre. Mes bouchons d’oreilles m’ont servi pour une troisième nuit consécutive. Quelle belle invention afin de couper le son des haut-parleurs qui semblaient installés directement à côté de mon lit! Le seul avantage de ces décibels élevés était d’enterrer les miaulements plaintifs de la chatte toujours en chaleur. Claude est monté plus tard que moi à la chambre, finissant de partager sa bouteille de gin avec ses récents copains sénégalais.

IMG_6872

 

DIMANCHE, 31 DÉCEMBRE

DAKAR – TOUBAB DIALAW (pop : 2 000)

Après notre petit déjeuner à notre hôtel Mame Ndiare, nous avons fait nos adieux à notre dévoué Ousmane, réceptionniste. Nous nous sommes rendus en taxi à la gare routière des « 7 places » (4 000 CFA). Nous avons négocié ferme afin de payer le même prix que les Sénégalais pour nous rendre de Dakar à Diamdiadio (2 000 chacun) puis, jusqu’à Kelle  (1 000 CFA chacun) où se trouve notre charmante auberge Begue Pokai. Notre hébergement est à 5 minutes de marche du pont qui sépare Kelle à Toubab Dialaw, petit village pêcheur de 2 000 âmes. Les alentours de l’auberge nous rappellent les villages berbères marocains du Moyen Atlas. Comme j’aime cet environnement!

IMG_6886

Nous avons eu un accueil des plus chaleureux de nos hôtes d’origine italienne. Notre petite chambre décorée simplement mais avec goût nous a tout de suite plu. Le site est propre et bien entretenu. Le jardin intérieur renferme une belle variété de fleurs et d’arbres fruitiers (manguiers, bananiers, oranger, etc.). Les deux terrasses sont accueillantes et paisibles. Nous avons déposé nos bagages puis, sous un soleil de plomb, nous avons écouté avec intérêt les informations que notre hôte nous a transmises sur les différentes ethnies du Sénégal (Wolofs, Peul, Serere, Lebu, Jola, Mahdengue, etc.). Affamés, nous sommes partis en direction de la plage en quête d’un restaurant au bord de l’eau. Nous avons marché une quinzaine de minutes en direction de la falaise, pieds nus dans l’eau. Comme la plage est belle et tranquille! Nous nous sommes arrêtés au premier restaurant trouvé. On nous a servi une excellente assiette de poisson pour aussi peu que 4 $ CAD par personne.

IMG_6892

Nous avons gravi la falaise et avons découvert l’hôtel Sobo-Bade, réel repère de touristes. Le site est enchanteur de par son architecture très particulière. Nous en avons fait le tour pour satisfaire notre curiosité avant de redescendre à la plage pour une baignade rafraîchissante. Nous avons terminé notre après-midi par une petite marche sur la rue principale du petit village de Kelle. Nous nous sommes rendus jusqu’au quai des pêcheurs où nous avons découvert le marché de poissons. Après une bonne douche, nous avons relaxé sur la terrasse du 2e étage avant de partir souper au restaurant avec nos hôtes italiens Enrico et Angela. Le premier restaurant étant fermé, nous avons pris un raccourci dans les petites ruelles, à la lueur de nos lampes de poche. Finalement, nous nous sommes rendus au restaurant Le Nebou sur la plage. Nous nous sommes payé la traite avec le buffet de poissons et fruits de mer, menu unique en cette veille du jour de l’an (20 $ CAD chacun). Le repas a été très agréable en leur compagnie. Nous avons longuement discuté de politique et de voyages avant de rentrer en fin de soirée à l’auberge.

IMG_6999

 

LUNDI, 1er JANVIER 2018

BONNE ANNÉE!

TOUBAB DILAW – MBOUR (pop : 150 000) – SALY (pop : 20 000)

IMG_7008Après notre maigre petit déjeuner composé d’un café et une baguette de pain, nous avons salué Angela tout en lui promettant de revenir dans dix jours. Nous sommes partis en compagnie d’Enrico jusqu’à la rue principale et sommes embarqués dans la première voiture-taxi qui a passé. Pour 500 CFA chacun, on nous a conduit à Diamdiadio où nous avons rapidement trouvé un « 7 places » en direction de M’bour (1 500 CFA chacun). Finalement, nous avons pris un taxi jusqu’à notre hôtel : le Mbékhmi Beau Rivage situé à Grand M’bour, directement au bord de l’eau. Notre chambre est dans une grande hutte blanche et moderne. Le salon et la cuisine sont immenses et immaculés. Notre hutte est entourée d’un jardin joliment aménagé et notre terrasse est située face à la mer. C’est génial!

IMG_7024Comme il faisait extrêmement chaud, nous étions pressés de profiter de la mer. Nous nous sommes saucés et avons longuement marché sur la plage. Celle-ci est propre et tranquille malgré ses nombreux petits hôtels; la haute saison ne fait que commencer. Nous avons dîné dans un petit restaurant sur la plage et avons profité des chaises longues placées à l’ombre car le soleil était vraiment brûlant. Tout au long de l’après-midi, nous avons jasé avec deux Françaises, globe-trotteurs comme nous, un Belge et plusieurs Sénégalais rencontrés sur la plage. J’ai fait le tour des petits kiosques d’artisanat et je me suis laissé tenter par un magnifique pareo aux motifs de girafes (5 $).

Gorgés de soleil, nous sommes revenus faire une pause à notre hôtel avant de partir en direction de la rue principale pour aller souper au restaurant Chez Eli. Les rues sont plutôt des chemins de sable, ce qui rend la marche difficile. Le restaurant était fermé! On nous a indiqué un restaurant directement sur la plage. Nous nous sommes contentés de cet endroit car le soleil commençait à se coucher et nous ne voulions pas revenir à la noirceur. Nous n’avons pas trop eu le choix du menu : poisson grillé, vermicelles de riz et oignons sautés. Cinq musiciens ont fait retentir leurs djembés et sifflet pendant que nous soupions. Quelques Sénégalais ont dansé sur la plage sur cette musique percussive des plus rythmées. L’ambiance était à la fête!

IMG_7049

Nous sommes revenus à l’hôtel par la plage et avons passé une petite soirée tranquille sur la terrasse et dans notre salon.

 

MARDI, 2 JANVIER

MBOUR – SALY

Nous avons pris le petit déjeuner avec un charmant couple composé d’une Suisse et d’un Italien. Nous nous sommes attardés à la table avant de partir chacun de notre côté pour la journée. Claude et moi sommes partis par la plage pour ensuite rejoindre la route menant à Saly-Portugal. Nous avons marché pendant au moins cinq heures, faisant quelques arrêts pour nous désaltérer et pour manger dans le chic restaurant de l’hôtel Obama Beach. Nous nous sommes promenés dans le centre-ville de Saly et avons fait un petit tour rapide du Village artisanal. Si les vendeurs n’avaient pas été aussi insistants, nous y aurions passé davantage de temps car la marchandise typiquement africaine est attrayante et originale. J’ai tout de même pris le temps de marchander deux jolies paires de boucles d’oreilles, l’une fabriquée en bois et l’autre en corne de zébu.

IMG_7076

Avant de revenir en taxi à notre hôtel, nous avons acheté les ingrédients pour nous faire un spaghetti pour le souper. Je suis allée lire sur la petite plage de notre hôtel afin de profiter du soleil de fin de journée puis, je suis rentrée dans notre belle hutte pour cuisiner avec Claude. Nous avons dégusté notre repas au son des djembés retentissant de la plage.

 

MERCREDI, 3 JANVIER

MBOUR – JOAL-FADIOUT (pop : 38 000)

Après une bonne nuit de sommeil, nous avons déjeuné à notre hutte et sommes partis avec le chauffeur de l’hôtel. Nous avons fait un arrêt à un guichet automatique du centre-ville de M’bour. Je n’ai pas pu retirer d’argent avec ma carte Visa car mon NIP comprend cinq chiffres et la machine ne prend que quatre chiffres! Par chance, la Master Card de Claude a fonctionné. Nous devions prévoir assez d’argent pour les prochains jours car nous allions nous enfoncer dans le Delta du Sine-Saloum où il n’y a aucune possibilité de retirer de l’argent.

Le chauffeur de taxi nous a fièrement reconduits au « garage » (traduction : gare routière) dans sa belle voiture neuve et de là, nous avons pris un « 7 places » jusqu’à Joal. Nous ne roulions qu’à 50 km environ car la voiture familiale était tellement maganée qu’on aurait plutôt dit un tas de ferraille. Sur notre route, nous avons vu trois petits regroupements de cases; comme j’aurais aimé m’y attarder et prendre quelques photos! Arrivés au « garage » de Joal, nous avons pris un taxi jusqu’à l’hôtel La Femme Noire, situé près du dispensaire et à 50 m de la plage. Irène, la jeune femme de chambre de l’hôtel nous y attendait. Nous sommes seuls à occuper le 2e étage. Notre chambre est double et nous avons un grand salon et une petite cuisine à notre disposition.  Nous n’avons pas d’eau chaude mais tout le reste est fonctionnel.

Nous avons marché jusqu’au pont de bois reliant la ville de Joal au petit village de Fadiout situé sur une île entourée de canaux de mangroves. Avant de traverser le pont à pied, nous avons dîné à La Cabane du pêcheur tout en profitant de leurs chaises longues au bord de l’eau. La température était chaude et douce à l’ombre des palmiers. Nous avons observé avec divertissement le va-et-vient des pirogues à travers les canaux.

IMG_7129

Nous avons finalement traversé le long pont de bois pour aller visiter Fadiout. Cette petite île est renommée pour son sol recouvert de coquillages. Ses habitants sont très pauvres. La plage est sale et les familles de cochons s’y promènent à la recherche de nourriture dans la glaise. Ça ne sent pas les roses! Dans les ruelles, les artisans attendent patiemment les touristes pour leur vendre des sculptures, des masques, des bijoux, etc. afin de faire quelques sous dans leur journée. Il y a une église et une mosquée sur l’île; 90 % des habitants sont chrétiens et 10 % sont musulmans. Nous avons traversé un deuxième pont en bois menant au cimetière mixte chrétien et musulman. Sur la petite colline surmontée d’une croix géante, la vue sur l’île et les alentours vaut le coup d’œil.

IMG_7186

De retour à Joal, nous avons pris une collation de clémentines et pamplemousse. Assis sur un banc public, à l’ombre, nous avons regardé les pêcheurs retirer leurs filets de l’eau et sélectionner les poissons attrapés. À la recherche d’une belle plage, nous sommes tombés par hasard sur l’hôtel Le Djembé tenu par un couple retraité d’origine française. Nous avons pris une consommation tout en jasant un bon moment avec la propriétaire, assis dans la cour fermée de l’hôtel, face à une petite piscine. (La plage n’était pas très invitante; sa propreté laissant à désirer.)

Sur le chemin du retour, nous avons acheté des provisions dans un petit stand de rue pour nous faire à souper à l’hôtel. Au menu : omelette aux patates, oignons et haricots verts, accompagnée d’un petit pain. Une fois de plus, il ne faut pas oublier qu’on est en Afrique; on s’est débrouillés avec ce qu’on a trouvé!

Fidèles à nos habitudes, nous avons passé une petite soirée tranquille à l’hôtel. Il faut dire que les rues environnantes ne sont pas très rassurantes à la noirceur de la nuit. Les cris plaintifs des ânes et des chiens nous ont tenu compagnie!

 

JEUDI, 4 JANVIER

JOAL – DJIFFER (pop : 2 000) – PALMARIN (pop : 5 000)

(Température : 33 degrés Celsius)

Notre nuit a été entrecoupée par les cris des animaux, l’appel à la prière venant de deux mosquées et les cloches de l’église retentissant aux petites heures du matin. Il n’y a pas moyen de dormir tranquille! Nous nous sommes quand même levés de bonne humeur, comme à l’habitude.

Irène nous a préparé un petit déjeuner traditionnel composé d’une baguette avec confiture et café. Nous nous sommes rendus au « garage » pour prendre un minibus jusqu’à Djiffer via Samba Dia. J’ai adoré le trajet car j’étais assise sur le bord de la fenêtre ouverte et j’ai pu prendre plusieurs photos de la campagne, du delta du Saloum, des cases, des gigantesques baobabs, etc.

IMG_7233

IMG_7251

Djiffer ne nous a pas enchantés. Ce village pêcheur est situé sur la pointe du delta du Saloum et est entouré par la mer. Malheureusement, la plage est extrêmement sale et l’odeur de poisson pourri nous prend à la gorge. Regardant où nous marchions afin d’éviter les détritus, nous nous sommes approchés des grosses pirogues et des pêcheurs affairés à démêler leurs filets. Quelle tristesse de voir que l’homme a gâché un tel site qui devait être, j’en suis certaine, un petit coin de paradis il y a à peine quelques décennies. Les villageois sont d’une pauvreté extrême. Le petit village ressemble davantage à un bidonville. Je ne comprends pas pourquoi le guide Lonely Planet nous recommande d’y aller. Au bout de 45 minutes, nous étions prêts à repartir.

IMG_7274

Nous avons pris un minibus jusqu’à N’Danou, un des quatre villages de Palmarin. Lorsque nous sommes débarqués du minibus, nous cherchions un restaurant pour dîner. Une des passagères nous a dit qu’il n’y en avait aucun dans son village et elle nous a gentiment offert de nous préparer à dîner chez elle. N’ayant pas vraiment le choix, nous avons accepté en nous entendant avec elle sur le montant qu’on allait lui donner en échange. Cette expérience unique chez l’habitant a été le clou de notre sortie d’aujourd’hui. Mariama, de l’ethnie des Sereres, nous a tout d’abord amené à la maison de ses beaux-parents où elle habite avec son mari et leurs cinq enfants. Elle nous a présentés aux aînées de la maison, dont la grand-mère de 103 ans de son mari. La maison a quatre pièces pour ses 22 habitants répartis sur trois générations. Mariama occupe une des pièces avec sa famille; le lit double est pour elle et son mari, le matelas par terre pour ses filles et le tapis tressé pour ses garçons. La galerie en ciment sert de coin pour faire à manger. Les poules, poussins et chèvres se promènent allègrement dans la petite cour intérieure sur fond de sable.

IMG_7306Nous avons fait le tour du village avec notre hôte, à la recherche de poissons à vendre. Finalement, Mariama a acheté de la lotte et comme accompagnement, des légumes et du riz parfumé. De retour chez elle, je l’ai aidée à couper les légumes : oignons, ail, manioc, patate douce, carotte, chou, aubergine. Utilisant une bonbonne de propane comme source de chaleur, elle nous a concocté un excellent met sénégalais dont j’oublie le nom. Elle a préparé trois grands plats de service dont l’un était pour nous, elle et sa fille de sept ans. Elle nous a invité à nous asseoir sur le tapis tressé dans sa chambre. Nous avons lavé nos mains dans un bol d’eau et avons été invités à manger sans ustensile. Par réflexe, Claude s’est servi de sa main gauche. Mariama lui a tout de suite fait remarquer. (La main gauche est considérée comme impure chez les musulmans.) Elle lui a offert une cuillère, ce que Claude s’est empressé d’accepter. Pour ma part, j’ai mangé avec ma main droite mais je n’étais pas très habile; j’ai échappé du riz sur moi à quelques reprises. Mariama a insisté pour que je goûte au thé sénégalais, rouge vin et sucré. C’était bon mais j’étais un peu craintive de tomber malade alors je n’ai pas tout bu.

 

Mariama aurait bien aimé que nous acceptions de parrainer les études de son fils aîné. J’ai pris son adresse mais je ne lui ai fait aucune promesse. Nous l’avons remerciée chaleureusement pour son accueil et son dîner, lui avons donné 5 000 CFA et sommes partis attendre le minibus au bord de la route. Elle a été vraiment correcte avec nous, nous qui avions peur de nous être placés dans une mauvaise situation.

En quelques minutes, nous étions déjà en route pour Samba Dia. De là, nous avons pris un taxi collectif pour Joal. En passant par Fadial, nous avons pu voir l’un des plus grands baobabs du Sénégal. Il a 26 mètres de circonférence! Arrivés à destination, nous sommes allés nous balader sur le pont Mama Nguedj pour y observer les pêcheurs à l’œuvre et regarder les mangroves de plus près. J’ai accompagné Claude dans une « buvette » (traduction : bar); nous nous sommes assis sur un banc extérieur faisant face aux marais et nous avons observé les grands hérons se nourrissant de poissons. Avant de rentrer à l’hôtel, nous avons fait quelques achats au marché en plein-air : tomates, poivron vert et épices. Claude nous a cuisiné une super omelette mexicaine que nous avons dégustée dans notre grande salle à manger. Nous sommes encore une fois les seuls clients de l’hôtel sur notre étage, nous nous sentons donc à l’aise comme chez nous!

IMG_7349

 

VENDREDI, 5 JANVIER

JOAL – NDANGANE – MAR LODJ (pop : 2 500)

Nous avons pris notre petit déjeuner à l’hôtel en compagnie de trois sympathiques Françaises : deux enseignantes du primaire et une journaliste. Nous sommes ensuite partis au « garage » afin d’y prendre un minibus. L’attente a été d’environ 30 minutes avant qu’il soit plein et que l’on puisse partir. Nous nous sommes rendus au quai de Ndangane, passé le « campement » (traduction : la zone touristique avec hôtels et restaurants) et le village. Nous avons attendu la pirogue collective pendant presque une heure sous un soleil ardent. Nous nous sommes promenés autour du quai, avons jasé avec trois jeunes Françaises rencontrées dans le minibus et avons observé les pirogues partant ou revenant des différentes îles des alentours. La traversée en pirogue jusqu’à l’île de Mar Lodj a duré trente minutes et fut très agréable (1 $ chacun). Nous avons pu voir les mangroves de proche ainsi que quelques grands hérons.

À notre arrivée sur l’île, nous avons demandé aux gens s’il y avait un restaurant dans les environs. Deux jeunes hommes nous ont offert de monter sur leur charrette tirée par un cheval pour nous y conduire. Les deux premiers restaurants étaient fermés. Nous avons débarqué au troisième et avons commandé du poisson. Les propriétaires, un couple composé d’un Français nommé Michel et d’une Sénégalaise, se sont assis avec nous à la table de leur terrasse. Michel a dîné avec nous, visiblement très enthousiaste de nous recevoir chez lui et d’échanger avec nous. Nous avons attendu une grosse heure avant d’être servis; ici, les gens ne sont pas pressés et ils n’ont jamais rien de prêt à l’avance. Ils n’ont aucun inventaire et achète tout au fur et à mesure. J’ai eu le temps d’aller voir danser des Sénégalaises au son de leurs chants accompagnés de tapements de calebasse sur la galerie voisine. L’une des femmes m’a enroulé un pareo autour de la taille et m’a invitée à danser avec elle en imitant ses mouvements. J’ai eu bien du plaisir!

IMG_7431

Après avoir mangé avec appétit du thiof servi avec riz et sauce aux oignons, nous sommes repartis en charrette avec les deux jeunes conducteurs qui nous attendaient. Ils nous ont fait faire le tour du village, à notre plus grand plaisir. Nous avons vu l’église, le tambour de la place centrale, la mosquée, l’école primaire, un immense fromager, les huttes des habitants, etc. J’ai vraiment eu un coup de cœur pour ce petit village. De retour au quai, nous sommes repartis avec la pirogue collective sous un soleil brûlant. Arrivés à Ndangane, nous avons pris un taxi-brousse jusqu’à notre hôtel à Joal (2 $ chacun). À travers la fenêtre du taxi, j’ai réussi à prendre deux photos des marais salés près de Fadial; j’étais bien fière de mon coup.

IMG_7467

À notre arrivée à Joal, nous sommes allés faire des emplettes au marché en plein-air afin de nous faire à souper. J’en ai profité pour acheter des pains de singe (fruit du  baobab) pour mes élèves et nos proches. Ces « bonbons » sont blancs avec un noyau à l’intérieur et apparemment, les singes en sont friands.

En soirée, à l’hôtel, nous avons fait la connaissance d’un jeune couple : une Suisse et un Italien. Nous avons aussi révisé notre itinéraire pour les prochains jours. Nous avons décidé de partir pour Saint-Louis demain. Nous sommes satisfaits de ce que nous avons vu du Delta du Saloum et nous avons l’impression que si nous continuons à nous enfoncer vers le sud, les infrastructures touristiques seront de plus en plus déficientes et les petits villages, plus ou moins intéressants.

 

SAMEDI, 6 JANVIER

JOAL – SAINT-LOUIS (pop : 147  100)

Irène, notre gentille hôtesse, nous a préparé un bon petit déjeuner que nous avons pris en compagnie du couple avec qui nous avions fait connaissance la veille. Nous avons fait nos adieux et sommes partis prendre un « clando » (taxi). De la gare routière, nous avons pris un « 7 places » jusqu’à Thiès, la plus grande ville du Sénégal. Le trajet a duré deux heures. Arrivés à la gare de Thiès, nous avons embarqué dans un autre « 7 places » pour nous rendre à Saint-Louis, au nord-ouest du Sénégal.

Sur la route, nous avons pu constater que les paysages de campagne au relief plat se ressemblent du sud au nord : plaines sèches et poussiéreuses, baobabs, fromagers, etc.

IMG_7504

Malheureusement, les déchets font partie du décor partout où il y a des villages et des villes. Quelle horreur et quel désastre écologique! Quelques faits : Au Sénégal, il y a près de 70 000 tonnes de déchets plastiques dans la nature. À cela, il faut ajouter les déchets informatiques, les piles, les déchets biomédicaux, les huiles usagées et les déchets chimiques. À elle seule, la région de Dakar produit 5 tonnes de déchets par jour ! Plus de 50 % de la population urbaine du pays n’a pas d’installations sanitaires adéquates. C’est vraiment décourageant!

IMG_7532

Dans notre taxi-brousse, nous étions trois sur le banc arrière, compressés comme des sardines, souffrant de la chaleur, les jambes et les fesses en compote. Ouf! Ce deuxième trajet, d’une durée de près de quatre heures, a été un vrai supplice durant la dernière heure. Comme nous étions soulagés d’arriver enfin à destination et de pouvoir nous déplier! Notre premier aperçu de la ville a été malheureusement une vue sur les déchets. Impossible d’en faire abstraction! Ça dépasse l’entendement. Ça crève le cœur.

Nous avons pris un clando qui nous a conduit jusqu’à l’Hôtel Harmattan, sur l’île de N’Dar, en traversant le fleuve Sénégal par le pont Faidherbe. Après avoir visité les chambres de l’hôtel, nous sommes sortis dans la rue en quête d’un établissement un peu moins cher. Une Française nous a suggéré l’hôtel Le Palais, situé juste à côté. Le propriétaire, un Français âgé, bedonnant et à l’allure peu soignée, nous a fait un bon prix. Nous nous sommes installés rapidement et sommes partis, affamés, à la recherche d’un restaurant. Comme nous habitons en plein cœur du centre-ville, les alentours de l’hôtel sont remplis de restaurants, bars et petites boutiques. En quelques minutes, nous avons trouvé le restaurant-pâtisserie Dalou Salam. J’ai pris des crevettes sautées à l’ail et Claude, une pizza aux fruits de mer (8 $ l’assiette, ce qui est dans la moyenne des prix à Saint-Louis.) C’était excellent!

IMG_7522

Comme nous avions encore du temps devant nous avant que la nuit tombe, nous sommes passés à notre hôtel pour nous habiller plus chaudement et aller explorer les alentours. La température était de 18 degrés avec un vent froid venant de l’Atlantique. Quel contraste avec les 35 degrés endurés dans les taxis durant la journée!

La ville de Saint-Louis est intéressante à visiter. Elle a été fondée au XVIIe siècle. Ce fut la première colonie française à venir s’installer en Afrique. À l’époque, son port  achalandé était aussi un centre de traite de biens et d’esclaves. La ville de Saint-Louis fait partie du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis l’an 2 000. Sa population actuelle est de 147 100, incluant la partie de la ville sur la terre ferme, sur l’île de N’Dor et sur la péninsule de la Langue de Barbarie. La ville est à 2.5 km de la frontière de la Mauritanie, accessible en « bac » (ferry).

IMG_7540

Lors de notre promenade, nous nous sommes dirigés vers le Palais du gouverneur, situé face à la Place Faidherbe. Nous avons traversé le pont Mustapha Malick Gaye pour rejoindre la péninsule de la Langue de Barbarie. Nous étions étonnés de voir autant de pirogues sur les berges du fleuve : 3 000! Nous avons continué notre marche en ligne droite, curieux de voir l’océan Atlantique. La plage publique était « noire » de monde! Une fois de plus, la saleté des berges et des rues nous a frappés. Nous avons fait demi-tour et sommes revenus sur l’île. Nous avons marché le long du quai Roume où nous avons pu voir l’immense bateau historique Bou El Mogdad. Passant par la Grande mosquée en réfection, nous avons pris l’Avenue Blaise Diagne, réputée pour ses restaurants et boutiques. J’ai trouvé un magasin de CDs de musique et acheté quatre CDs de compilations des meilleures musiques sénégalaises et africaines. Dans une petite boutique d’artisanat, j’ai marchandé deux superbes batiks décoratifs.

IMG_7537

De retour à l’hôtel, nous avons pris une consommation au bar et sommes ensuite montés à notre chambre. Sur le mignon petit patio du 2e étage, face à notre chambre, nous avons rencontré trois jeunes québécoises. Elles étudient au CEGEP de Longueuil. Elles font partie d’un groupe de 14 infirmières en stage pour trois semaines à l’hôpital et au dispensaire de Thiès. Elles sont venues passer leur week-end à Saint-Louis.

Nous avons terminé la journée à notre chambre à lire et écrire. Nos bouchons d’oreilles seront fort utiles cette nuit car nous entendons la musique venant des bars des alentours et les bruits des clients de l’hôtel. De plus, l’appel à la prière musulmane va sûrement se faire entendre au petit matin. Nous pouvons au moins nous réjouir d’être débarrassés des lamentations des ânes, des chats et des coqs!

 

DIMANCHE, 7 JANVIER

SAINT-LOUIS

Nous avons commencé notre journée par un café et une viennoiserie à la Pâtisserie Dalou Salam. Nous avons ensuite fait un tour guidé en calèche autour de l’île et de la péninsule de la Langue de Barbarie. Nous sommes tombés sur un excellent guide calècher. Nous avons revu ce que nous avions vu par nous-mêmes la veille et plusieurs nouvelles choses : la Maison des esclaves, les baraques en bois des ouvriers venus construire le chemin de fer, la cathédrale, la Maison des sœurs de St-Joseph-de-Cluny (orphelinat à l’époque), les maisons « basses » des Portugais, l’ancienne cavalerie, les Casernes Rognât, la Maison des Arts (avec salle de spectacle de 3 200 places), les entrepôts pour les cargaisons qui arrivaient par bateau, le quartier militaire, l’Institut Français, etc.

Sur la péninsule, nous sommes allés du côté sud, quartier des pêcheurs de l’ethnie des Lebous. Ce village est très animé et coloré. Les gens y vivent dans une pauvreté extrême. Leur environnement est malpropre et malodorant. Les pêcheurs musulmans ont 3 ou 4 femmes et plusieurs enfants. Ceux-ci sont considérés comme leur  relève et c’est pour cette raison qu’ils ne vont pas longtemps à l’école. À la pointe sud de la péninsule, un immense cimetière musulman s’étendant sur un demi-kilomètre est entouré d’un haut mur. On peut tout de même apercevoir, en haut de la colline, des centaines de petites épitaphes en bois, en forme de croix.

IMG_7623

De retour sur l’île, Claude et moi sommes partis à pied. Nous avons traversé le pont Faidherbe pour aller voir le marché populaire. On y vend de tout : fruits, légumes, poissons, vêtements, etc. J’ai pris une photo d’un bel étalage de fruits mais je me suis fait réprimander par la marchande, visiblement choquée que je ne lui aie pas demandé la permission avant. À contre coeur, j’ai ramassé ma caméra jusqu’à ce qu’on ait fini de faire le tour du marché. Comme j’aurais pu prendre de belles photos authentiques!  Le marché était bondé de monde. Je tenais fermement ma petite bourse anti-vol portée sous mon cardigan. Nous avons fait le tour des étalages sans nous attarder, satisfaisant ainsi notre curiosité.

IMG_7718

De retour sur l’île, Claude a mangé un couscous au poulet au restaurant La Linguère. Pour ma part, je n’avais pas encore faim. Un peu plus tard, je suis retournée à notre pâtisserie préférée, propre et invitante, pour y manger de petites entrées de pizza et quiche. Pendant ce temps, Claude est allé faire la sieste à l’hôtel. Quand je l’ai rejoint, je me suis installée sur notre petite terrasse ensoleillée pour écrire mon journal de voyage.

En fin d’après-midi, à l’hôtel, nous avons jasé avec des Allemandes venues faire un stage de danse et djembé au Sénégal. Nous sommes ensuite partis marcher sur la péninsule, le long de la berge, puis avons traversé le pont menant à la pointe nord de l’île. Nous avons sorti nos coupe-vent car la température avait baissé aux alentours des 17 degrés. J’ai eu la chance de pouvoir filmer un défilé musulman : un convoi d’autobus avec des fêtards grimpés sur les toits, jouant du djembé et chantant à tue-tête.

Avant d’aller souper, j’ai fait l’achat de quelques souvenirs dans une petite boutique de souvenirs. Claude et moi sommes ensuite retournés à notre hôtel pour organiser la fin de notre séjour au Sénégal. Nous avons réservé trois nuits à l’hôtel où nous étions à M’bour afin de profiter à nouveau de la chaleur et de la mer avant de revenir dans les températures glaciales de notre hiver québécois.

Nous avons soupé sur l’Avenue Blaise Diagne au restaurant Fleuve Plus. Nous nous sommes régalés de poisson et crevettes à l’ail (7 $ chacun). Nous sommes rentrés tôt à l’hôtel, fidèles à nos habitudes.

 

LUNDI, 8 JANVIER

SAINT-LOUIS – THIÈS – M’BOUR

Notre journée a commencé avec un bon café au lait et une viennoiserie à notre pâtisserie préférée. Nous avons ensuite quitté l’île en taxi. À la gare routière de Saint-Louis, nous avons pris un « 7 places ». Sur notre route, nous avons eu la chance de voir un grand marché d’animaux semblable à ceux que nous avions vu en Éthiopie. Le petit village était envahi par des milliers de gens et des centaines de bœufs et vaches. Comme j’aurais aimé y faire un arrêt! J’ai juste eu le temps de prendre deux photos de la fenêtre de notre taxi.

Au bout de 3 heures et demie de route, nous sommes arrivés à Thiès, la plus grande ville du Sénégal. Nous avons rapidement embarqué dans un autre « 7 places ». Deux heures plus tard, nous sommes arrivés à M’bour, sous une température de 24 degrés et un beau ciel bleu. Nous avons pris un clando jusqu’à l’hôtel Mbékhmi Beau Rivage où nous avions séjourné la semaine précédente. Nos hôtes étaient très surpris et contents de nous revoir. Nous nous sommes installés dans la même belle hutte moderne d’un blanc immaculé. Nous avons de nouveaux colocataires : quatre Allemands sourds et muets. Nous communiquons par signes; nos échanges sont donc très limités! Pauvre Claude, lui qui aime tant parler!

IMG_8047

Nous avons enfilé nos maillots de bain à la hâte, pressés de sauter à l’eau pour nous rafraîchir; nous avions tant eu chaud, compressés dans le « 7 places » ! Nous étions heureux de retrouver notre belle plage de M’bour, propre, invitante et tranquille. Nous avons marché jusqu’à notre petit restaurant de la plage où le poisson grillé est exquis et pas cher du tout (2 $). Nous nous sommes prélassés au soleil le restant de l’après-midi, profitant des chaises longues à notre disposition.

IMG_7785En fin de journée, nous avons marché dans le petit village de Saly Niakhniakhhal à la recherche de légumes pour notre sauce à spaghetti. Ce village est charmant. Il est situé derrière la rangée d’hôtels qui longent la plage. Comme c’est un quartier touristique, les rues sur fond de sable sont bien entretenues et on y retrouve de petits commerces et ateliers d’artisans. En faisant nos emplettes, j’ai eu un coup de cœur pour une tunique africaine hautement colorée et un foulard assorti. Je suis revenue à l’hôtel ainsi vêtue, ne passant pas inaperçue aux yeux des Sénégalais! Nous avons cuisiné tout en jasant avec nos hôtes. Ils étaient bien étonnés de voir un homme à ses chaudrons! Ici, la cuisine, les travaux ménagers et l’éducation des enfants sont le rôle exclusif de la femme.

 

 

MARDI, 9 JANVIER

M’BOUR / SALY

Nous avons déjeuné en compagnie de nos quatre colocs sourds et muets. Avec gestes, crayon et papier, nous avons réussi à communiquer tout en rigolant. Dgoné, la responsable de l’établissement, était avec nous et avait définitivement du plaisir à servir cette clientèle particulière.

Sous un ciel radieux et une température de 30 degrés Celsius, nous avons marché dans le village de Saly à la recherche d’un bureau de change. Nous avons échangé nos francs CFA en trop pour des euros. Nous avons ensuite rejoint la plage pour nous baigner et relaxer sur les chaises longues d’un hôtel chic de Saly, à l’ombre d’un parasol.

IMG_7800

Nous avons dîné à la plage à notre cher restaurant Boud Ficel. Nous avons bien aimé notre « thiébou djiéne » (met sénégalais composé de riz au poisson servi avec manioc, aubergine, navet et carottes). Nous avons profité des chaises longues du restaurant pour faire une petite sieste à l’ombre. Sous un soleil de plomb, nous sommes retournés à notre hôtel afin de prendre une pause du soleil.

En fin d’après-midi, nous avons marché jusqu’à la rue principale et avons pris un clando jusqu’au port de pêche de M’bour. À notre sortie du taxi, un Sénégalais s’est imposé à nous comme guide pour faire le tour du marché de poissons sur la plage. Au début, on a tenté de s’en débarrasser mais, arrivés sur les lieux, on s’est vite rendu compte que sa présence était quasi nécessaire. Comme il y avait du monde! C’était vraiment impressionnant à voir. Ce marché de poisson est probablement le plus grand du Sénégal.

IMG_7870

Nous avons suivi notre guide à travers les étals de poissons et fruits de mer de toutes sortes. Il a pris le temps de tout nous montrer et de nous expliquer toutes les étapes de la mise en marché de ces précieuses denrées de la mer. Notre visite guidée s’est poursuivi au marché populaire où l’on vend de tout : épices, fruits, légumes, noix, vêtements, chaussures, articles pour la maison, etc. Les rues du marché étaient fort animées et colorées. J’ai acheté un petit sac de « jujubes » (fruit séché que l’on suce pour ensuite jeter le noyau). J’ai aussi trouvé 3 CDs gravés de musique sénégalaise, ce qui complétera ma petite collection.

IMG_7939

Après avoir remercié et donné un pourboire à notre guide, un taxi nous a conduit jusqu’au restaurant Ely et Alain, face à l’hôpital de M’bour. Notre entrée de calmars était délicieuse ainsi que nos assiettes principales : brochette de lotte pour Claude et crevettes sautées à l’ail et légumes pour moi. Petit bonus dont nous nous serions passés : une nuée de maringouins avides de sang frais. Comme les rues ne sont pas éclairées le soir, nous n’avons pas pris de chance : nous sommes rentrés à l’hôtel en taxi. Nous avons « jasé » un peu avec nos colocs et avons terminé la soirée à notre chambre.

 

MERCREDI, 10 JANVIER

M’BOUR

IMG_7976Nous avons déjeuné avec nos colocs pour une dernière fois. Sous une température de 30 degrés et un ciel tout bleu, nous sommes allés au Village artisanal du quartier Santassou en taxi. Un guide nous a fait faire le tour des différents ateliers des artisans. Il nous a expliqué les différentes étapes de fabrication des djembés et montré les types de bois utilisés. Nous avons pu voir les sculpteurs à l’oeuvre. On a bien tenté de nous vendre divers objets (statuettes, instruments de musique, bijoux, paniers en osier, chaussures en cuir,etc.) mais, en vain.

 

Repartant avec le même chauffeur de taxi, nous nous sommes rendus au deuxième Village artisanal de M’Bour. Celui-ci est situé à côté du marché populaire visité la veille. Nous en avons vite fait le tour car la plupart des kiosques sont destinés aux couturiers. Dans une des petites boutiques de souvenir, j’ai acheté deux bourses de petit format, en tissu  aux motifs africains.

Passant par la rue principale asphaltée et bifurquant vers la plage après avoir passé le Lycée Demba Diop de M’Bour, nous avons marché six km pour rejoindre notre hôtel. Dans la baie du village pêcheur, la propreté de la plage laissait à désirer mais, plus nous nous en éloignions, plus la plage devenait propre et agréable à s’y promener. Nous avons fait un court arrêt à notre hôtel pour nous désaltérer et prendre une bonne douche froide avant de repartir marcher sur la plage mais cette fois, en direction inverse. Nous sommes retournés à notre restaurant préféré : Boud Ficel. Nous y avons passé une bonne partie de l’après-midi, profitant une dernière fois de la plage, du soleil et de la mer après notre délicieux repas de poisson. J’ai eu un coup de cœur pour deux pareos que j’ai achetés avec nos derniers francs.

IMG_8023

Ayant refait le plein d’énergie, nous sommes repartis marcher. Nous nous sommes promenés dans le quartier Niakhniakhal et y avons fait une petite pause pour prendre une collation santé. Nous sommes revenus par la plage, envahies de Sénégalais s’entraînant, jouant au soccer ou faisant de la lutte gréco-romaine en cette fin d’après-midi.

IMG_8043

Je suis arrivée exténuée de nos 15 km de marche de la journée. L’eau froide de la douche a été une bénédiction. Je me suis allongée sur mon lit et suis tombée endormie. Pendant ce temps, Claude est allé à la petite épicerie du coin et s’est chargé du souper. Au menu : macaroni à la sauce au thon. Comme j’ai un bon mari! En soirée, nous avons préparé nos bagages en vue du grand départ et avons salué nos colocs. Ngoné a pris la peine de revenir nous saluer et m’a apporté deux cadeaux : du beurre de karité (crème naturelle pour le corps et les cheveux) et du noquas (mélange d’échalotes, ail, poivre, jumbo (cube concentré à saveur d’oignon), piment et poivron vert)  qu’elle avait préparé elle-même. Nous avons échangé nos numéros de téléphone afin de garder contact sur WhatsApp.

 

JEUDI, 11 JANVIER

M’BOUR – CASABLANCA – MONTRÉAL

IMG_8053Nous avons eu de la difficulté à dormir, ayant peur de passer tout droit. Kôté, le chauffeur attitré de notre hôtel est venu nous chercher comme prévu à 3 h du matin pour nous conduire à l’aéroport Blaise Diagne, à 45 minutes de route de M’Bour. À 6 h 15 am, notre Boeing 737-800 de la compagnie Royal Air Maroc décollait. À une vitesse de    900 km / h, une altitude de 11 000 mètres et une température extérieure de -53 degrés Celsius, nous sommes arrivés à Casablanca après quatre heures de vol. Notre attente en correspondance à l’aéroport, d’une durée de sept heures, s’est bien passée avec lecture, lèche-vitrine, partie de Scrabble, dîné, etc.

À 17 h 30, nous quittions le sol marocain en Boeing 787-800 de la même compagnie. Nous avons dormi par intermittence et passé le reste du temps avec des films, de la musique et les deux repas servis à bord. Le vol a duré 7 h 30 minutes. Nous sommes arrivés à Montréal à 20 h, heure locale. Pour nous, en décalage horaire, il était 1 h du matin. Notre fils cadet Vincent est venu nous chercher à l’aéroport et nous a conduits chez notre fils aîné Samuel et sa copine Kim. Nous étions très heureux de les voir et de leur conter notre expérience sénégalaise. Nous nous sommes couchés fourbus, après nos 24 heures de transport. Nos rêves ont été peuplés d’aventures en terre africaine.

 

VENDREDI, SAMEDI, DIMANCHE, 12, 13 , 14 JANVIER

MONTRÉAL – QUÉBEC – SEPT-ILES

Vendredi midi, nous sommes partis pour Québec, devançant la pluie verglaçante annoncée pour la soirée et la tempête de neige prévue pour le lendemain. Nous avons fait un arrêt à Québec chez mes parents avant de prendre la route pour Sept-Iles le dimanche matin.

Ainsi s’achève notre grand périple au Sénégal. Nous avons aimé notre expérience et, malgré les inconvénients rencontrés, nous gardons un très bon souvenir de l’accueil chaleureux des Sénégalais, du soleil, de la mer et des lieux colorés et animés que nous avons visités. Nous espérons que l’avenir sera meilleur pour ce peuple et que leur gouvernement adoptera des politiques et prendra action pour faire en sorte que leur environnement devienne sain et un endroit où il fait bon vivre.

FIN.

 

Le 18 janvier 2018, quelques jours après mon retour du Sénégal, Donald Trump a fait une remarque des plus choquantes envers le continent africain et Haïti. Le lendemain, j’ai lu l’article suivant dans le journal JEUNE AFRIQUE et je tiens à le partager avec vous, chers lecteurs:

« Pays de merde » : l’Afrique réagit avec colère aux propos de Trump

C’est peu de dire que les Africains sont outrés des mots prêtés au président américain et rapportés par nombre de médias. Parlant de pays africains, il aurait utilisé l’expression « pays de merde ».

« Je suis le fils d’un continent étincelant qui s’appelle l’Afrique, et j’en suis fier. Mon héritage est profondément ancré dans mes racines kényanes. L’Afrique n’est pas un endroit de merde M. Trump », a tweeté l’ancien champion du monde d’athlétisme Bernard Lagat, coureur de demi-fond naturalisé américain en 2004. Exprimant leur mépris face au milliardaire devenu président, nombreux ont été ceux sur les réseaux sociaux à partager des photos de gratte-ciel modernes ou de paysages magnifiques de leurs pays, accompagnées du hashtag #shithole (le mot anglais utilisé par M. Trump). La ministre des Affaires étrangères du Botswana, Pelonomi Venson-Moitoi, a tweeté que les remarques de Donald Trump ont porté un « coup cinglant » aux relations diplomatiques entre Washington et les pays africains.

Les faits

Le président américain Donald Trump s’est emporté jeudi lors d’une réunion dans le Bureau ovale avec plusieurs sénateurs pour évoquer un projet bipartisan proposant de limiter le regroupement familial et de restreindre l’accès à la loterie pour la carte verte. En échange, l’accord permettrait d’éviter l’expulsion de milliers de jeunes, souvent arrivés enfants aux États-Unis. « Pourquoi est-ce que toutes ces personnes issues de pays de merde viennent ici ? » a demandé le président Trump, selon le Washington Post qui cite plusieurs sources anonymes assurant que le président faisait référence à des pays d’Afrique ainsi qu’à Haïti et au Salvador. Ces propos ont également été rapportés par le New York Times, qui cite des participants non identifiés à la réunion. Vendredi, M. Trump a laissé entendre qu’il n’avait pas utilisé l’expression « pays de merde » : « Le langage que j’ai utilisé lors de la réunion était dur, mais ce ne sont pas les mots utilisés », a-t-il tweeté.

Racisme et hypocrisie

« Si c’est confirmé, il s’agit de commentaires choquants et honteux de la part du président des États-Unis. Désolé, mais il n’y a pas d’autre mot que racistes », a déclaré le porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Rupert Colville, lors d’un point de presse à Genève. « Président Trump, un jour, je vous emmènerai dans un pays de merde appelé le Ghana », a écrit le Ghanéen Edmond Prime Sarpong sur Facebook. « Le premier arrêt sera le château d’Osu, ensuite le château d’Elmina et puis les plus de quarante forts ayant servi à détenir environ 30 millions d’esclaves battus et emmenés en bateau [vers les Amériques, NDLR], serrés comme dans une boîte de sardines. Ensuite, je vous raconterai l’histoire de l’Afrique et comment des gens comme vous en ont fait un continent de merde », a-t-il poursuivi.

Le commentateur politique kényan Patrick Gathara a déclaré à l’AFP que les propos de Donald Trump ne constituent « rien de nouveau » de la part d’une administration américaine « raciste et ignorante », ainsi que de la part de l’occident en général. « Ce n’est pas différent de ce qu’Hollywood ou les médias occidentaux disent de l’Afrique depuis des décennies », a-t-il dit. « Ce qui est encore plus insultant, c’est l’hypocrisie de tous ceux qui condamnent Trump – et il doit être condamné – sans regarder leurs propres langage et conduite. »

Propos offensants

L’activiste kényan Boniface Mwangi a appelé sur Twitter à « ne pas confondre les dirigeants de merde que nous les Africains élisons, avec notre beau continent ». « Notre continent est le plus béni de tous, mais il a été violé par des impérialistes en collaboration avec nos dirigeants merdiques pendant des générations. » En Afrique du Sud, le parti au pouvoir Congrès national africain (ANC) a qualifié les propos de M. Trump d’« extrêmement offensants » alors qu’Ateny Wek Ateny, porte-parole du président du Soudan du Sud, pays en guerre depuis décembre 2013, a, lui, qualifié les déclarations de M. Trump de « scandaleuses ». Une résidente de la capitale sud-soudanaise Juba a toutefois affirmé à l’AFP que les commentaires de Trump étaient « très pertinents » : « C’est grâce à nos dirigeants africains qu’on nous insulte de la sorte. » Au Nigeria aussi, beaucoup ont assuré sur Twitter que leur pays était bien « un pays de merde ». L’humoriste sud-africain Trevor Noah, présentateur de l’émission Daily Show sur la chaîne américaine Comedy Central, s’est pour sa part dit « offensé », car ressortissant du « pays de merde du sud », référence humoristique à son pays d’origine.

Réaction de l’Union africaine

L’Union africaine (UA) a condamné vendredi les remarques « blessantes » et « dérangeantes » du président américain Donald Trump à l’encontre de plusieurs nations africaines et de Haïti, qu’il a qualifiés la veille de « pays de merde » dans des propos rapportés par des médias. « Ce n’est selon moi pas seulement blessant pour les gens d’origine africaine aux États-Unis, mais aussi pour les citoyens africains », a déclaré à l’AFP Ebba Kalondo, porte-parole du président de la Commission de l’UA Moussa Faki. « C’est d’autant plus blessant compte tenu de la réalité historique du nombre d’Africains qui sont arrivés aux États-Unis comme esclaves. » « C’est aussi très surprenant, car les États-Unis restent un exemple extrêmement positif de la manière dont l’immigration peut donner naissance à une nation », a-t-elle ajouté au sujet de cette « déclaration extrêmement dérangeante », qui « va complètement à l’encontre des comportements et des pratiques acceptées ». Interrogée sur le caractère raciste ou non de ces remarques, Mme Kalondo a répondu : « Oui, elles le sont clairement. » Elle a toutefois souligné que « les États-Unis d’Amérique sont un grand pays, un pays qui représente bien plus qu’un seul homme ou qu’une déclaration ».